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A l'enfant que je n'aurai pas
Collection : Les Affranchis
Date de parution : 11/08/2011
Éditeurs :
Nil

A l'enfant que je n'aurai pas

Collection : Les Affranchis
Date de parution : 11/08/2011

Écrire pour donner la vie ; après le triomphe de Cronos, Linda Lê s'approprie l'écriture autobiographique dans un exercice de liberté d'une puissance étourdissante.

L'essai d'Élisabeth Badinter intitulé Le Conflit soulignait, l'an passé, la dureté de l'injonction faite aux femmes par l'obligation non seulement d'être mères, mais de l'être absolument, dans un fantasme de...

L'essai d'Élisabeth Badinter intitulé Le Conflit soulignait, l'an passé, la dureté de l'injonction faite aux femmes par l'obligation non seulement d'être mères, mais de l'être absolument, dans un fantasme de perfection typique d'une société où la sphère privée est devenue un spectacle permanent. En écrivant à l'enfant qu'elle a choisi...

L'essai d'Élisabeth Badinter intitulé Le Conflit soulignait, l'an passé, la dureté de l'injonction faite aux femmes par l'obligation non seulement d'être mères, mais de l'être absolument, dans un fantasme de perfection typique d'une société où la sphère privée est devenue un spectacle permanent. En écrivant à l'enfant qu'elle a choisi de ne jamais concevoir, Linda Lê s'affranchit du monde en général pour poser un regard strictement personnel sur sa volonté de ne pas devenir mère. Ce travail autobiographique lui permet d'éclairer les premiers jalons qui, dans l'enfance, préparent l'expression de sa liberté d'adulte. La figure étouffante de la mère et une adolescence passée dans un monde exclusivement féminin contribuent à forger un désir de soi, aussi évident que douloureux à porter dans le regard de l'autre, et plus particulièrement de cet homme, S. Car l'homme qu'elle aime veut avoir des enfants. Chaque jour il tente de lui montrer que son refus se fonde sur l'erreur : erreur d'analyse, trop intellectuelle ; erreur ontologique d'un égocentrisme qui aurait mal tourné ; erreur personnelle, d'une peur jamais confrontée, etc. La narratrice, elle, en lieu et place d'idées toutes faites, voit défiler de simples images, précises et palpables : celle d'un enfant qu'elle ne saurait pas aimer, quelle que soit son identité, et celle d'un écrivain qui perdrait forcément la sienne à l'éduquer. « On ne part pas à la conquête du Graal avec une poussette », écrivait Karen Blixen. Et là où l'expression de la liberté devient intolérable aux yeux des notaires de ce monde exigeant une conversion systématique au modèle de la famille, la narratrice écarte toute forme de dureté, toute prétention à une règle édifiée à d'autres qu'elle-même. Bien au contraire, c'est toute la douceur de son amour qu'elle offre à cet enfant qui n'existera jamais, mais vit sans cesse, à chaque seconde, dans l'imaginaire lumineux de sa conceptrice.

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EAN : 9782841115716
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)
EAN : 9782841115716
Façonnage normé : EPUB3
DRM : Watermark (Tatouage numérique)

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • CFanny014 05/03/2022
    Dans un texte court, une soixantaine de pages, l’auteure nous livre une lettre dense, courageuse et belle qui s’apparente à une réflexion autobiographique. Elle déroule le cheminement personnel qui l’a conduite au refus de la maternité pour lui préférer la transmission. L’enfantement serait pour la narratrice la meilleure des choses lui répète patiemment son compagnon S. Mais la narratrice préfère rester fille que devenir mère. Elevée par une mère puritaine « championne des valeurs bourgeoises » et un père « déclassé », elle craint de reproduire les défauts de sa mère. S. fantasme sa paternité. Cet idéal se heurte à celui de sa compagne incapable de se projeter dans des rituels d’une vie avec un bébé, craignant que son inspiration romanesque ne se tarisse. La mésentente dans le couple grandit. Après leur séparation, la narratrice sombre dans un état dépressif et reste convaincue qu’elle eût été une mauvaise mère, trop exigeante. Mais le fils qu’elle n’a pas eu finit, de façon immatérielle, par faire partie d’elle et elle agit de sorte que s’il avait existé, il eût été fier d’elle.
  • Noctenbule 30/05/2021
    Le choix de ne pas faire d'enfant est assez rarement aborder dans la littérature. C'est un sujet assez tabou car cela remet en cause les concepts de la société et ses bases religieuses. Que cela soit l'état qui veut remonter le taux de natalité ou soit la famille qui veut transmettre des gênes, un nom et un patrimoine, la pression pour les femmes sont là. Les discriminations envers les femmes sont multiformes. Mais l'approche de Linda Lê est assez surprenante. Elle explique qu'elle n'a pas eu une enfance heureuse qui pourrait justifier son choix d'être nullipare. Puis aussi son instabilité psychique qui l'empêche d'être stable et fiable. Est-ce qu'un enfant pourrait tout changer? On a l'impression que ce doute plane puisqu'elle parle à cette enfant inexistant. Il a une forme de présence car il y a des projections sur ce qu'elle pourrait lui transmettre, lui dire, partager... Une approche un peu déroutante. Le fait qu'elle aborde la volonté de son ami à devenir père est également un sujet rarement traiter. On constate que les femmes restent moins payées que les hommes, qu'elles ont des postes moins importants, qu'elles peuvent moins participer aux activités de fin d'après-midi pour récupérer les enfants... Ce qui induit que l'homme peut être père sans devoir vraiment s'occuper des enfants puisque les femmes sont là. Alors que la réalité actuellement change un peu. Un exercice de style entre réalité et fiction qui surprend, qui désoriente, qui étonne... Le choix de ne pas faire d'enfant est assez rarement aborder dans la littérature. C'est un sujet assez tabou car cela remet en cause les concepts de la société et ses bases religieuses. Que cela soit l'état qui veut remonter le taux de natalité ou soit la famille qui veut transmettre des gênes, un nom et un patrimoine, la pression pour les femmes sont là. Les discriminations envers les femmes sont multiformes. Mais l'approche de Linda Lê est assez surprenante. Elle explique qu'elle n'a pas eu une enfance heureuse qui pourrait justifier son choix d'être nullipare. Puis aussi son instabilité psychique qui l'empêche d'être stable et fiable. Est-ce qu'un enfant pourrait tout changer? On a l'impression que ce doute plane puisqu'elle parle à cette enfant inexistant. Il a une forme de présence car il y a des projections sur ce qu'elle pourrait lui transmettre, lui dire, partager... Une approche un peu déroutante. Le fait qu'elle aborde la volonté de son ami à devenir père est également un sujet rarement traiter. On constate que les femmes restent moins payées que les hommes, qu'elles ont des postes moins importants, qu'elles peuvent moins participer aux activités de fin d'après-midi pour récupérer les enfants......
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  • DucalmeLucette 10/04/2020
    À l’enfant que je n’aurai pas est une lettre que Linda Lê a écrite à l’enfant qu’elle a décidé de ne pas concevoir. Elle fait partie de la collection Les affranchis de NiL : Quand tout a été dit sans qu’il soit possible de tourner la page, écrire à l’autre devient la seule issue. Mais passer à l’acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c’est s’offrir le point final, s’affranchir d’une vieille histoire. La collection « Les Affranchis » fait donc cette demande à ses auteurs : « Écrivez la lettre que vous n’avez jamais écrite. » L’auteure nous offre son cheminement personnel, son enfance étouffée par une mère autoritaire, ses convictions intimes mises à mal par un homme, S., qui voulait avoir des enfants et qui a essayé de la convaincre très maladroitement, et parfois même avec agressivité et violence, lui jetant au visage qu’un thérapeute aurait pu la « purger de ses névroses » et qu’ainsi, elle aurait pu « triompher de ses infirmités », pour ensuite affirmer qu’elle était « un cas pathologique ». Alors elle explique à cet enfant qui ne verra jamais le jour qu’elle n’aurait pas été capable de l’élever, de lui donner tout l’amour qu’il méritait puisque l’écriture prend toute la place. Elle écrit toute l’inattention à laquelle il a échappé. Et pourtant, à travers cette écriture, elle lui consacre du temps, elle le fait exister dans un imaginaire qui transpire la réalité. Elle a le courage de ne pas céder aux sirènes sociétales de la maternité. Elle a la liberté de décider ce qui est le mieux pour elle, et pour cet enfant, et elle s’y tient, malgré les bourrasques. Les injonctions du passé, le traumatisme d’autrefois sont trop présents, tout comme le besoin de s’exprimer par les mots. Mais ce refus d’enfant, cette introspection sur elle-même, lui permettent d’avancer, de s’analyser, de se transcender. « Tu m’éveilles à la pluralité des sensations, tu me libères de mes inhibitions ; je n’ai jamais eu la prudence de qui se ménage, et plus j’agis de manière que, si tu avais vu le jour, tu sois fier de moi, plus je déploie de l’opiniâtreté dans mes entreprises. » Dans une plume sensible et sublime, cette autobiographie radiographie la féminité dans une société dans laquelle les ventres ronds sont presque un passage obligé pour la femme, et par conséquent quand elle s’y refuse, doit faire face aux sommations troublant l’intime. Un court récit qui résonne et qui libère.À l’enfant que je n’aurai pas est une lettre que Linda Lê a écrite à l’enfant qu’elle a décidé de ne pas concevoir. Elle fait partie de la collection Les affranchis de NiL : Quand tout a été dit sans qu’il soit possible de tourner la page, écrire à l’autre devient la seule issue. Mais passer à l’acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa Lettre au père, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c’est s’offrir le point final, s’affranchir d’une vieille histoire. La collection « Les Affranchis » fait donc cette demande à ses auteurs : « Écrivez la lettre que vous n’avez jamais écrite. » L’auteure nous offre son cheminement personnel, son enfance étouffée par une mère autoritaire, ses convictions intimes mises à mal par un homme, S., qui voulait avoir des enfants et qui a essayé de la convaincre très maladroitement, et parfois même avec agressivité et violence, lui jetant au visage qu’un thérapeute aurait pu la « purger de ses névroses » et qu’ainsi, elle aurait pu « triompher de ses infirmités », pour ensuite affirmer qu’elle était « un cas pathologique ». Alors elle explique à cet enfant qui ne...
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  • Tandarica 08/04/2020
    Je suis une inconditionnelle de Linda Lê et je trouve enfin le temps d'écrire deux mots sur ce livre diversement apprécié ici. Je fais d'abord remarquer qu'il s'agit d'un texte de commande en quelque sorte puisqu'il est publié chez NiL, dans la collection « les affranchis ». C'est une des clés de ce beau texte. La collection conçue et dirigée par Claire Debru se présente en ces termes : «  Quand tout a été dit sans qu'il soit possible de tourner la page, écrire à l'autre devient la seule issue. Mais passer à l'acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa “Lettre au père”, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c'est offrir le point final, s'affranchir d'une vieille histoire. La collection “Les Affranchis” fait donc cette demande à ses auteurs : “Écrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite”. » Il importe donc peu que Linda Lê ait elle-même des enfants ou pas. J'ai pour ma part trois enfants et partage largement les arguments de l'écrivaine à qui je voue une admiration presque sans bornes. C'est pourquoi je conseille la lecture de ce bref texte. Page 38 elle reprend l'assertion de Tolstoï, glanée dans son « Journal » : «  La maternité n'est pas la plus haute vocation d'une femme ». Si elle choisit de s'adresser directement à cet être qui n'existera que dans l'imaginaire de sa conceptrice c'est, à mon sens, pour mieux interpeller sur la condition féminine en général, par delà la maternité, car il ne faut pas l'occulter, dans le texte il y a un certain S., compagnon de la narratrice qui est également présent. Linda Lê a choisi de consacrer sa vie à l'écriture comme semble l'indiquer le quatrième de couverture : « La mise au jour d'une fiction n'équivaut pas à l'éclosion en soi d'un germe de vie ». La lettre est somme toute empreinte de tendresse comme l'attestent ses dernières lignes et le style très agréable d'écriture invite à découvrir d'autres livres de Linda Lê. Je suis une inconditionnelle de Linda Lê et je trouve enfin le temps d'écrire deux mots sur ce livre diversement apprécié ici. Je fais d'abord remarquer qu'il s'agit d'un texte de commande en quelque sorte puisqu'il est publié chez NiL, dans la collection « les affranchis ». C'est une des clés de ce beau texte. La collection conçue et dirigée par Claire Debru se présente en ces termes : «  Quand tout a été dit sans qu'il soit possible de tourner la page, écrire à l'autre devient la seule issue. Mais passer à l'acte est risqué. Ainsi, après avoir rédigé sa “Lettre au père”, Kafka avait préféré la ranger dans un tiroir. Écrire une lettre, une seule, c'est offrir le point final, s'affranchir d'une vieille histoire. La collection “Les Affranchis” fait donc cette demande à ses auteurs : “Écrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite”. » Il importe donc peu que Linda Lê ait elle-même des enfants ou pas. J'ai pour ma part trois enfants et partage largement les arguments de l'écrivaine à qui je voue une admiration presque sans bornes. C'est pourquoi je conseille la lecture de ce bref texte. Page 38 elle reprend l'assertion de Tolstoï, glanée dans son « Journal » : «  La maternité...
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  • Medulla 17/01/2018
    Une longue missive à un être qui n'existe pas si ce n'est dans la projection mentale voire affective. Avec acuité, sensibilité et intelligence Linda Lê parle à l'enfant qui ne nait pas et n'est pas, à l'enfant qu'elle ne veut pas et n'aura pas. Une lecture qui m'a profondément bouleversé au point d'arrêter en plein milieu. Les phrases m'ont tellement prise de plein fouet que j'en ai perdu mon livre.
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